вторник, октября 31, 2006


Eh bien voilà le retour du maître (qui se fait appeler Marcel, mais ne nous y trompons pas...sachons reconnaître le Chanut là où il est, même incognito) sur le film de Sofia Coppola, Marie-Antoinette....

Marie-Antoinette : vaste programme !
Belles images ; Versailles comme on l­´aime. Appétissants desserts mais quel film creux !
Les dialogues sont épouvantables et cette musique ultra-moderne peut paraître parfois déplacée. Cependant la magie opère et fait revivre ces heures de l´Ancien Régime à jamais disparues. S. Coppola donne à méditer - mais en est-elle consciente ? - la fureur des révolutionnaires («la populace» comme le dit un des personnages à Louis XVI) opposée à l´insouciance de l´étrangère belle et frivole. L´actrice (K. Dunst) est d´ailleurs tout à fait incapable de rendre une autre image plus digne et plus réelle de la souveraine. Elle ne parvient pas à planter une aristocrate, hélas. Le roi n´est pas si laid et présente des côtés sympathiques et pathétiques. Il est par exemple absolument prisonnier de l´étiquette établie avant lui.
Gros budget pour un festival d´images au mépris de la précision historique. Ce n´était d´ailleurs pas le but de la réalisatrice. Allez-y quand même c´est tellement beau !
Marcel.

среда, октября 25, 2006


Aujourd'hui je me sens prostrée et impuissante (l'idée aperçue dans le journal ce matin qu'il faudrait bientôt 2 planètes pour nous rassasier tous ne m'aide certes pas...). Si les signes vous fachent, combien vous facheront les choses signifiées, disait Rabelais. Quand les choses signifiées seront advenues, m'est avis qu'on pourra boire notre Terre avec une paille recyclée.
Avant de laisser la parole à notre vénéré Chanut Solaire (sur sa chouchoute à froufrous autrichiens), ma découverte du jour: Karen Dalton, une chanteuse folk (et junkie parait-il au point de perdre ses dents) au sang Cheeroke frelaté d'excès et qui chante sur deux albums d'anthologie des complaintes à mourir de tristesse...sympa tout ça, hein?

понедельник, октября 23, 2006


J'arrête les listes, c'est vain et pénible. Au bout d'un moment, tout s'enlise en s'enlistant (je ne suis pas fière de mes jeux de mots). Pourtant, mes journées sont toujours marquées d'une découverte (Aujourd'hui l'association Kokopelli, dont l'objectif est la préservation de la biodiversité et la distribution de semences aux pays du Tiers-Monde, proies habituelles des réducteurs de tête et des mercenaires de tout poil_tentative nulle à mon avis puisque bientôt grâce aux marchands-prédateurs le pouvoir sera rendu aux Bactéries et nous serons enfin délivrés de ce monde, de cette beauté dont nous ne savons que faire). Il y a toujours un poème qui me parle particulièrement:
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous...
puisqu'en fin de compte, ces jours de pluie, que nous reste t-il d'autre que le luisant des feuilles brillant sur nos vaisseaux étroits...?hein? oui les parapluies aussi c'est vrai...

суббота, октября 21, 2006


1. la question du jour: qu'est-ce qu'ils mettent dans le pudding afghan du Rumi? De l'eau de rose et de la pistache oui, mais ça n'explique pas tout...
2. la citation du jour (de Mickey l'Ange):"Quel éperon pour moi que la puissance d'un beau visage."
3. le livre du jour, c'est celui de Taisen Deshimaru, Pratique du Zen, fondateur de l'alternative occidentale du Zen à Paris et à Montréal, une alternative dont j'ai particulièrement besoin aujourd'hui...Assise sur mon coussinet, je médite gravement sur mon rien grossier et sur mon non-éveil généralisé. Pas de quoi pleurer paraît-il, mais tout de même...

пятница, октября 20, 2006


Comme dans Three Beautiful things, référentiel culcul et ensorcelant découvert au cours de mon incursion dans la touffeur (oui la touffeur) de l'univers des Blogs sur la toile, je me suis mise à faire des listes pour tout et pour rien...
1. l'image du jour (pour une postérité intime bien entendu...):
Quand nous avons marché aujourd'hui, mon bébé et moi, tout le long de la rue Champagneur, l'une et l'autre emmitoufflées pour faire face au vent froid, j'ai eu le sentiment de porter l'enfant miraculeux d'un conte, et que tout (chats gâleux débonnaires, citrouilles épanouies en attente de marmite, mâchoires crispées univoques des passants...) s'ouvrait au passage de son petit bonnet rouge comme celui de la Chatelaîne de Vergy.
2. la citation du jour est un poème (incassable) de Ossip Mandelstam, notre maître (dans une traduction personnelle):

Je me lavais de nuit dans une cour
Le ciel brillait d’étoiles rèches
Rayon étoilé comme du sel sur la hache
Le tonneau, rempli jusqu’à ras bord, refroidit.

Les portes sont fermées à clé
Et la terre en conscience est sévère
De vérité plus pure que la toile fraîche
On chercherait en vain le principe.

Dans le tonneau comme du sel l’étoile fond
Et l’eau glacée se fait plus noire
Plus pure la mort, plus salé le malheur
Et la terre plus vraie et plus redoutable

3. la découverte du jour, c'est le site du Festival du Monde Arabe à Montréal, très riche avec notamment, en entrée libre, un hommage au poète Talal Haidar le 8 novembre prochain...

вторник, октября 17, 2006


Sur Kagemi de la compagnie Sankai Juku au théâtre Maisonneuve, spectacle de danse, et sur le Maiko Sushi, un restaurant japonais (pour un coordonné parfait)

À force d'attendre que mon ami Aubrey Pullman (je suis très namedroppeuse dans ce blog, mais qui se soucie de ce défaut?) m'envoie les photographies qu'il a prises au Japon (pour mieux illustrer mon propos nipponophile), je manque à tous mes devoirs en ne vous racontant pas ma soirée follement japonaise de samedi. D'abord, Kagemi ou Par delà les métaphores du miroir, dont on ne sait si le chorégraphe Ushio Amagatsu convoque sciemment la figure de Lewis Caroll, ou alors à travers les déplacements d'une Alice démultipliée en 7 danseurs aux visages de bébés déformés et passés à la craie, une Alice perdue dans une forêt, mobile et délicate, de Ginko atomique.
Postée tout en haut, au paradis, avec la plèbe, les cathareux et les toussoteurs fous, avec ces satanés scolaires aussi, éternels cheveux sur la soupe, avec au fond tous ceux pour qui une telle pureté, une telle densité font l'effet d'un ver à chou dans l'oesophage, je parvins tout de même à contempler la perfection et l'épure magique, athlétique de ces danseurs possédés du geste zen...
Sur le Bûto, je me permets, lecteurs insatiables, de vous aiguiller sur Influx au sujet de Montpetit...
Après toutes ces émotions, le temps vint de se restaurer au Maiko Sushi, pour tenter d'effondrer notre noblesse à (petits) coups de saké. Avec Virginie, Max et mon tendre testeur habituel, nous avons poussé des petits cris d'extase devant le daishi aux pétoncles ("quels esthètes ces japonais!") puis avons roulé des yeux effarés sur nos makis en admettant des considérations de plus en plus débiles et rigolardes...Un moment parfait à la vérité...

среда, октября 11, 2006


Eirin Mouré n'a pas gagné le prix Griffin Trust for Poetry qu'on lui souhaitait pour sa traduction du portuguais Pessoa, Sheep's vigil by a fervent person. On peut toutefois la voir et l'écouter sur le site, et admirer la précision de sa hache dans la glace du texte, sans compter sa malice délicieuse...

суббота, октября 07, 2006


En attendant de vous retrouver dès mardi, vous trouverez, en incise, les éléments de la charade qui laissera deviner le lieu de ma destination...très très dur...

1.
Nous avons désiré demeurer dans les murs.

Nous avons désiré étancher notre soif,
Peu à peu l’eau trop pure a perdu son office.

Au front pur des piscines, un peu trop loin de nous
Iris et fleurs d’eau traversées d’un rai vert, flottaisons,
vichyssoise.

***

Nous étions les contemplateurs,
D’un jardin ver-luisant,

C’est alors que les feuilles
prirent notre possession.

Iris et fleurs d’eau au bout d’une chaînette,
Suspendues loin du sol.

2.
Je me souviens que nous cherchions la glace
nous nous penchions fébrilement
vers des flashes aux paupières lavande. Le son des jeunes crapauds était un vieux cantique.

Nous avons décidé de descendre au jardin
Moutonnant et crépu des muscles des faucheurs.

Une tranchée de foin nous conduit à la rive
D’un lac
aussi luisant qu’un foie
d’aériens animaux.

***
L’eau des piscines est baptismale
Badiane sauge pressée
Et le jour nous a oints de sa gelée royale
Comme la fiente d’un paon.

3.
L’ostensoir des fougères était des verres d’eau
et nous buvions le jour déclinant ambre et rose.

Puisque c’était le soir, on pouvait voir l’or d’insectes
verts et rouges
S’allumer à nos chevets de verre soufflé
Dont la lueur était nourrie des huiles feudataires.

Le long passage des baleines
Enfouissement de leurs reins et de leurs ossements acaules.


***
Nous avons marché pendant près de deux mois
les pieds nus
et sous nos pas nocturnes s’allumaient
des globes de clarté.

среда, октября 04, 2006


Aujourd'hui j'aurais pu confectionner pour vous une petite liste des 5 meilleures pièces de Shakespeare (à mon goût), une manière de répondre à ma très chère Sylvie qui est comme le Comte de Montray en ces matières (je résume: Shakespeare , un vieux boucher brouillon et rasoir). À la place, on s'interessera aux tigres (les connaissez-vous vraiment?) et, par paresse, aux destinées multiples de Michael Jackson...
Avez-vous gagné au change?
Je pose la question.

вторник, октября 03, 2006


Et maintenant un message de notre maître vénéré, Le Grand Chanut Solaire (ici en Merteuil), sur la Fin de Casanova, mis en scène par Denis Marleau à L'Espace Go...

La Marquise de Merteuil
au Vicomte de Valmont.

Vicomte,
Les munificences de la cour de Bohême ne nous firent pas oublier, à Madame la duchesse d´Orléans et à moi, nos devoirs envers ce vieux séducteur de Casanova. Le feld-maréchal lui a donné un emploi de bibliothécaire et des sièges fort malcommodes. Nous comprîmes que la froide Bohême n´était pas la plaine liquide de Venise. Avec crainte et curiosité, nous approchâmes ce juif errant de l´amour. Ce vieux satyre nous a d´abord assommées de la longue et lugubre litanie de ses conquêtes et de ses bâtards, liste fastidieuse qui a terminé sa course dans le maigre feu réchauffant les grimoires du prince.
Il se pique désormais d´une curieuse manie qui le porte à faire le versificateur et le philosophe. Ainsi refuse-t-il de se joindre à la table princière pour le tournant du siècle et préfère souper seul dans cette bibliothèque dont il a la charge, juste effet de la bonté du prince. Il dédaigne l´humaine compagnie pour remâcher avec aigreur et sans qu´il soit toujours intelligible de vieux attraits comme d´antiques complaisances. Le cruel le dispute alors au trivial.
Soudain, une jouvencelle fit irruption et le tira de ses songes qui nous ennuyaient fort. Elle lui déclara tout uniment son attachement et son idolâtrie, jura de dormir toujours avec le strass arraché passionnément de ses vieux souliers. Elle fit une marelle et voulut jouer à colin-maillard avec le vieillard. Quel ennui mortel ! Quel tableau sordide dans ce lieu austère, mal éclairé par de chancelantes chandelles, aux murs livides !
Votre image, cher vicomte, m´est soudain apparue et j´eus cette pénible et bien triste pensée qu´une déesse vengeresse vous pouvait réduire en une telle extrémité.
Mourez donc ; il est temps encore.
Méphistasie de Merteuil.
Hier, Isabelle (Malhamé je précise) chantait à la Butte Saint Jacques, entre un groupe nommé Déviations multiples (dont pourtant aucune déviation n'était au programme, tant orthodoxement, traditionnellement, rock de terroir battait la mesure...) et une jeune évaporée nommée Geneviève, tout droit échappée des repéchages de Canadian Idol. Tout ce monde fort sympathique au demeurant, balayant le spectre qui va de la jeune fille disloquée de trac aux vétérans rigolards dont on sent qu'ils ont du métier et plus trop d'illusions.
Isabelle qui chantait Prévert, Radiohead et autre Coldplay faisait figure d'ange blond immaculé rayonnant de classe et de charme au dessus d'une mêlée légèrement teintée de mauvais goût sympa. Je ne peux pas passer sous silence la présence du maître de cérémonie, déchéance incarnée de l'esprit du stand-up, l'ego foulé au pied, dont chaque apparition sur la petite scène provoquait la souillure infâme du bouc émissaire avant le sacrifice...Isabelle, ta présence fut une rédemption...

воскресенье, октября 01, 2006


Sans commentaire en ce dimanche pluvieux, la presqu'île de Crozon...



On sort de la maison quand il fait encore jour,
Un regard sur la pente qu’on choisit de monter.

On salue le voisin qui porte sa boisson
L’œil noir valeureux sans plus de luminaire.

Au détour de la ville, c’est le ciel apparu
Surplomb épanoui des branches appréciées, du granit
bleu-gris et des têtes d’oiseaux,

Cristaux sincères, verres suspendus, travers ascète des feuillages
L’eau des lavements sondée des pieds qui se dérobent.

Vertige contracté, plombé bec sonore
On entend le silence étendu des haleurs.

Le cor de l’ouverture
des chasses retentit. C’est la course entre nous pour gagner le rivage. Terriers et crevasses, boutiques nourricières, O plaque de phosphore des peaux photographiques,
la pêche est un miracle de mercure et de chrome.

On panse les poissons au fond des lourds filets,
les écailles noir-
-cies de mauvais traitements,
Amulettes argentées, frémissantes ardoises, sous la pluie sur les toits, et les aluns d’argile.
La vague rafraîchit jusque dans nos esprits
la mort limpide et l’intuition couchée,
Plis messagers du temps, la langue des espaces.

Pelage O lunaire toison,
Flûte des herbes enfouies,
arrêtes d’ammoniaque
On revient amoindris, ventueux et austères,
Et nos bougies natales ne nous sont d’aucune aide.